Présence des femmes au sommet des entreprises – Pas de quotas, pas de résultats !

La coalition fédérale Women At Work1 s’inquiète de la proposition du formateur Bart De Wever d’éliminer les quotas de genre dans les conseils d’administration des sociétés cotées, les entreprises publiques et au sommet des administrations fédérales. L’argument avancé est celui de la méritocratie, perçue comme la meilleure garantie contre toute forme de discrimination. Pourtant, cette vision simpliste ignore les réalités structurelles et historiques de notre pays.

La Belgique a toujours été pionnière en matière de représentation des femmes dans la sphère publique et économique. En 1994, elle a instauré des quotas pour les listes électorales, suivis en 2011 de quotas pour les conseils d’administration des sociétés cotées. Résultat ? Malgré l’absence de sanction pourtant prévues par la Loi et la résistance d’une entreprise sur deux du BEL202, qui applique la Loi à minima, le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration a grimpé de 8 % en 2008 à 39 % aujourd’hui. Ce chiffre nous place en quatrième position au sein de l’Union européenne.

Mais cette avancée ne s’est pas répercutée au niveau des comités exécutifs, où les postes de direction restent largement dominés par les hommes. Seules 16,7%3 des places dans les comités exécutifs du BEL20 sont occupées par des femmes, un chiffre qui chute à 14%4si l’on inclut toutes les sociétés cotées en bourse. En comparaison, la moyenne européenne est de 19%5. Pire encore, plus de 3 entreprises sur 4 (82 %) n’ont aucune femme dans leur comité de direction ou n’en comptent qu’une seule.

Ces chiffres montrent bien que, sans quota, les femmes se prennent le plafond de verre. Et pourtant, elles représentent plus de la moitié de la population et 60 % des diplômés universitaires. La responsabilité et la bonne gouvernance de nos démocraties basées sur l’égalité de tous les individus qui les composent, passent obligatoirement par une représentation équilibrée des femmes et des hommes dans la prise de décision. Les études démontrent que la mixité F/H est positivement corrélée à tous les indicateurs de performance financiers et organisationnels. Au niveau macro-économique, les pays les plus égalitaires sont également les plus prospères et les plus heureux. Cependant, l’égalité ne s’obtient pas « naturellement ». Plus de dix ans de quotas au sein de l’UE ont prouvé qu’il faut des lois contraignantes pour forcer l’entre-soi masculin à s’ouvrir et permettre à TOUS les talents de s’exprimer.

« Quand on légifère, on trouve les femmes. Quand on ne légifère pas, on trouve des excuses », comme le souligne si justement Christine Lagarde.

Les quotas sont une opportunité, pas une difficulté. Bien appliqués, ils révèlent des talents souvent ignorés et diversifient les profils autour de la table. En enrichissant l’intelligence collective par des perspectives et expériences variées, les quotas contribuent à plus de méritocratie. Comme l’a souligné Curt Rice, ancien recteur de l’Oslo Metropolitan University : « Les quotas pénalisent les hommes, car ils accroissent la concurrence. Mais pas tous les hommes, seulement les médiocres ».

Renforcer la professionnalisation des Conseils d’Administration est justement un des objectifs de la directive européenne « Women on Boards » qui impose à la Belgique de renforcer sa législation actuelle d’ici la fin de l’année. En mai dernier, une résolution de la Chambre a été adoptée, soutenue par tous les partis démocratiques à l’exception de la N-VA, pour indiquer la voie à suivre.

Les quotas sont une mesure d’équité temporaire visant à corriger un déséquilibre injuste et néfaste pour toute la société. Certes, personne n’aime les quotas, en particulier pas les personnes qui sont censées en bénéficier. Utiliser l’argument de la méritocratie pour les abolir, revient à nier les inégalités structurelles entre les femmes et les hommes, et à perpétuer un système injuste.


1 Coalition fédérale soutenue par l’IEFH rassemblant des associations ayant une expertise sur le thème de « l’égalité de ​ genres et indépendance socio-économique ». Les signataires de cette tribune : JUMP, Solutions for Equity ​ at Work ; Girleek ;,Pour la Solidarité ; Femmes de Droit ; Vrouwenraad ; Conseil des Femmes Francophones de Belgique ; Cercle Olympe ; Université des Femmes ; Womenpreneur ; Touche Pas à Ma Pote ; Femmes Chefs d’Entreprises ;

2 Etude JUMP sur la place des femmes au sommet du BEL20 https://jump.eu.com/bel20-representation-women-top/

3 Etude JUMP sur la place des femmes au sommet du BEL20 https://jump.eu.com/bel20-representation-women-top/

4 https://igvm-iefh.belgium.be/fr/publications/quatrieme_bilan_de_la_loi_du_28_juillet_2011_relative_aux_quotas_de_genre_dans_les

5 https://europeanwomenonboards.eu/wp-content/uploads/2024/03/Gender-Equality-Index-2021.pdf


Isabella Lenarduzzi

Direction JUMP, Solutions for Equity ​ at Work
Organisation porteuse de la coalition WAW
Tel: 0486/65.84.81 Mail: isabella.lenarduzzi@jump.eu.com

Women At Work - WAW Coalition
Genres et indépendance socio-économique
Subvention accordée par l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes

 

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